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À un moment ils m’ont demandé de chanter une chanson qu’on avait apprise avec Claire à la Chorale occitane : À la Saint Jean d’été.
À la Saint Jean d’été la nuit est si petite (bis)
Si petite est la nuit que l’ombre mensongère
Ombre sous la terre ombre sous le feu.
Et tournent tournent les sorcières autour du cyprès
et cric cric dit le grillon et chocho la chouette...
Angèle assise à côté de moi a commencé à raconter « La sorcière de Narbonne ». Mathilde se régalait. Je n’avais jamais fêté la Saint Jean, c’est tellement beau ! L’année prochaine je viendrai avec le petit !
Tout le village était enchanté de la voir et surtout son ventre :
- Eh bien Jeanne ta filleule est revenue mais pas toute seule, comme disait ma grand-mère « elle a un polichinelle dans le tiroir ! »
- Mais toujours jolie et gentille ! Est-ce qu’elle a un métier de l’autre côté ?
- Il faut lui demander : moi je ne sais pas tout !
Mathilde se lève et va discuter avec un jeune homme que je ne connais pas. Elle me le présente :
- Jeanne, c’est Jacques l’ami avec qui je suis arrivée dans ce village l’année dernière. Je t’avais raconté l’histoire ! Nous avons étudié ensemble la diététique.
- Ah ! maintenant je me souviens. Bonjour Monsieur ! C’est bien de vous retrouver ! Vous êtes toujours à l’université ?
- Et oui, je n’ai pas encore fini, mais tout va bien. Dans un an j’ai un travail qui m’attend chez mon père qui a un restaurant à Montpellier. Je ferai un menu spécial pour les diabétiques et les végétariens.
Il est minuit quand j’arrive à la maison. Mathilde est restée avec son ami. Encore une fois je me sens à côté de la vie. Elle m’aime cette petite mais elle pense qu’il n’y a qu’une chose importante pour moi : son bonheur ! Elle pense que c’est une chance pour moi de l’avoir trouvée pour remplir le vide d’un avenir sens autre but que la mort. C’est comme ça que les jeunes voient les vieux. Je suis triste, déçue : j’avais tant attendu ce moment après la fête pour parler de la suite.
Assise sur le terrasse je me dis qu’encore une fois je me suis trompée, l’adoption n’est pas une bonne idée. C’est à elle de trouver son chemin toute seule. Et moi de trouver le mien : j’ai cru me faire aimer pour ma générosité. Pour gagner l’amour de Mathilde, la fille que je n’avais pas eu, je lui aurais tout donné. Et ce jour de la Saint Jean tout s’arrête. Aimer l’autre ce n’est pas se faire manger par lui. Ouf ! C’est l’heure de faire une bise à Rémy et d’aller dormir un peu.
- Alors madame comment va votre fille avec son ventre rond ?
- Je suis en train de me réveiller. Le rêve est tombé au fond du puits. Mathilde ne sera jamais ma fille et je ne suis pas sa mère.
- Jeanne enfin raisonnable ! Ça me fait très plaisir et tout cet amour nous le garderons pour notre avenir. N’oublie pas de venir me chercher à Fréjorgues dans une semaine.
- Dons tu seras là le 1er juillet ! Bravo ! Il me faut acheter un lit pour deux : le mien ne fait que 90 centimètres, il n’est pas pour deux.
- Je te laisse choisir. l’important c’est d’être un près de l’autre. Bises !
- Bises !
J’entends Mathilde rentrer à deux heures du matin.
Nous nous retrouvons pour le café à 10 heures.
- Je pense qu’il te faudrait aller voir le docteur du village. C’est pour quand l’accouchement ?
- Le 15 juillet si tout se passe bien. Je voudrais accoucher à la maison, je ne veux pas aller à l’hôpital.
- Je ne sais pas si c’est possible. S’il y a un problème ça peut être dangereux, on ne sait jamais… En plus je ne suis pas ta mère ni quelqu’un de ta famille. Donc j’aimerais que ce ne soit pas dans ma maison.
- Comme tu voudras. Je suis heureuse d’avoir retrouvé Jacques. Nous avons décidé de sortir ensemble ce soir.
- C’est bien pour toi, il a l’air gentil ce garçon.
- Il est toujours amoureux de moi, il ne m’a pas oubliée. C’est une bonne chose d’avoir dans le village une mère et un homme !
- La semaine prochaine Rémy arrive et nous voulons être un peu tranquilles tous les deux. Nous allons aller visiter la maison de l’Oncle Vincent et ce sera une bonne maison pour vivre avec ton petit et ton ami si tu veux. Chacune fera sa vie de son côté et je pense que c’est mieux. Puis nous irons à la ville acheter tout ce qu’il faut pour le petit. Ça te va ?
- Merci beaucoup Jeanne. Je ne trouverai jamais les mots pour te remercier. Allons voir la maison !
Évidemment la maison de l’Oncle Vincent a besoin d’être nettoyée et la cuisine ressemble à celle de ma grand-mère. Mais il y a tout ce qu’il faut pour vivre. Il faut acheter des draps, des éponges. Il faudra laver les rideaux, et le linge de cuisine et de toutes façons toute la maison. La voiture au retour de Béziers est plus que pleine. Pour le lit ils l'apporteront dans la semaine. Jacques est venu aider et les deux oiseaux ont l’air très heureux. Maintenant c’est leur maison.
Je ne comprends pas tout mais je pense à la chanson de Carmen : « L’amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser… ». Mais peuchère, il y en a un ou une dans le ventre de Mathilde qui n’a rien demandé...
La mère de Jacques est venue aussi pour visiter et tout le monde est invité Vendredi pour l’apéritif. Après Mathilde veut rester dans la maison.
- Et Jacques ? Je sais, ce n’est pas mon affaire.
- Jacques va vivre avec moi comme ça tu seras plus tranquille. Il m’emmènera à l’hôpital.
Encore une fois je me sens mise sur le côté mais je serai libre de vivre comme je veux avec Rémy. Et le Vendredi nous sommes tous sous la treille de la maison de Mathilde et Jacques sert le pastis et le vin blanc. La mère et le père de Jacques, les Martino, sont contents et pour finir moi aussi.
Maintenant je vais aller nettoyer ma maison pour mon Rémy. Je retourne seule à la maison et je ne sais plus où j’en suis. De toutes façons pour lui donner la maison il faudra l’adopter, il n’y aura pas d’autre possibilité. Mais comme peut-être elle va se marier avec Jacques elle ne s’appellera jamais Mathilde Belcaire. Mais il y a encore les vignes de Vincent et la maison et les terres de René. On verra tout ça avec Rémy, je suis fatiguée.
Los enfants an corregut d’en pertot, los joves an cantat, los vièlhs an contat d’istòrias, los jogaires de grailes an fach dançar puèi lo mond a sautat lo fuòc. Cal faire mèfi ambe los enfants que de còps s’encontran al mitan del fuòc, tomban e se rabinan los pès se pas mai !
A un moment m’an demandat de cantar una cançon qu’aviam apresa ambe Clara a la corala occitana : A la San Joan d’estiu.
A la san Joan d’estiu la nuèit es tan pichòta
A la san Joan d’estiu la nuèit es tan pichòta
Tant pichòta es la nuèit que la mentida ombra
Ombra jos la luna ombra jos lo fuòc
E viran viran las sorcièras entorn d’un pibol
E cric cric fa lo grilh e chocho la nichola...
Angèla assetada a costat de ieu comencèt de contar la « sorcièra de Narbona ». Matilda se regalava.
- Aviái pas jamai festejat la San Joan, es tant bèl ! L’an que ven i menarai lo pichòt !
E tot lo vilatge èra estrambordat de la veire e subretot, son ventre :
- E bè Joana ta filhòla es tornada mas pas soleta, coma disiá ma grand « a un polichinèla dins lo tirador » !
- Mas totjorn polideta e braveta ! Es qu’a après un mestièr de l’autre costat ?
- Cal li demandar : ieu sabi pas tot !
Matilda se lèva e va discutir amb un joine òme que coneissi pas. Me lo presenti :
- Joana, es Jaume l’amic que m’a menat dins lo vilatge l’an passat. T’aviái contat l’istòria ! Avèm estudiat ensems la dietetica.
- A ! si ara me soveni. Bonjorn Mossur ! Bon per vos de vos retrobar ! Siatz totjorn a l’universitat ?
- E òc, ai pas encara acabat, mas tot va plan. Dins un an ai un trabalh que m’espèra en çò de mon paire qu’a un restaurant a Montpelhièr. Farai un menú especial per los diabetics e los vegetarians.
Es mièja nuèch quand arribi a l’ostal. Matilda es demorada amb son amic. Un còp de mai me senti fòra de la vida. M’aima aquela pichòta mas pensa que i a pas qu’una causa importanta per ieu : son bonur. Pensa qu’es una chança per ieu de l’aver trobada per emplenar lo void d’un avenidor sens autra tòca que la mòrt. Es coma aquò que los joves veson los vièlhs. Siái trista, decebuda : aviái tant esperat aqueste moment aprèp la fèsta per parlar de la seguida. Assetada sus la terrassa me disi qu’encara un còp me siái enganada, l’adopcion es pas una bona idèia. Es a ela de trapar son camin soleta. E a ieu de trapar lo mieu : ai cregut de me faire aimar per ma generositat. Per ganhar l’amor de Matilda, la filha qu’aviái pas aguda, li auriái tot donat. E aquel jorn de Sant Joan tot s'arrèsta. Aimar l’autre es pas se faire manjar per el.
Of ! Temps de faire un poton a Rémy e d’anar dormir un pauc.
- Alara Madama cossí va vòstra filha amb son ventre redon ?
- Siái en trin de me desrevelhar. Lo pantais es tombat al fons del potz. Matilda serà pas jamai ma filha e siái pas sa maire.
- Joana enfin rasonabla ! Me fa un grand plaser e tot aquel amor lo gardarem per nòstre avenidor. Doblides pas de me venir quèrre a Frejorgues dins una setmana.
- Donc seràs aquí lo 1er de julhet ! Òsca ! Me cal crompar un lièch per dos : lo meu fa pas que 90 centimètres, es pas per dos.
- Te daissi la causida. L’important es d’èstre l’un prèp de l’autre. Potons !
- Potons !
Ausissi Matilda dintrar a 2 oras del matin.
Nos retrobam per lo cafè a 10 oras.
- Pensi que te cal anar veire lo doctor del vilatge. Quand es prevista la jacina ?
- Lo 15 de julhet se tot se passa plan. Voldriái pichonar a l’ostal, vòli pas anar a l'espital.
- Sabi pas s’es possible. Se i a un problèma pòt èstre dangierós, òm sap pas jamai. En mai siái pas ta maire ni mai quauqu'un de ta familha. Donc m’agradariá que siaguèsse pas dins mon ostal.
- Coma voldràs ! Siái urosa d’aver retrobat Jaume. Avèm decidit de sortir ensems aqueste ser.
- Bon per tu, sembla plan brave lo tipe.
- Es totjorn amorós de ieu, m’a pas oblidada. Es una bona causa d’aver dins lo vilatge una maire e un òme !
- La setmana que ven Rémy arriba e volèm èstre un pauc tranquilles totes dos. Anem anar visitar l’ostalet de l’oncle Vincent e serà un bon ostal per viure ambe ton pichòt e ton amic se vòls. Caduna farà sa vida de son costat e pensi qu’es melhor. Puèi anirem a la vila crompar tot çò que cal per lo nanet. Aquò t’agrada ?
- Mercé plan Joana. Traparai pas jamai los mots per te grand mercejar. Anam veire l’ostal !
Evidentament l’ostal de l’oncle Vincent a besonh de netejar e la cosina sembla aquela de ma grand. Mas i a tot çò que cal per viure. Cal crompar de lençòls, d'espongas. Caldrà lavar los ridèus, e lo linge de cosina e de tot biais tot l’ostal.
La veitura al retorn de Besièrs es mai que plena. Per lo lièch lo portaràn dins la setmana.
Lo Jaume es vengut ajudar e los dos aucèls semblan plan urós. Ara es lor ostal. Compreni pas tot mas pensi a la cançon de Carmen « L’amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser… ». Mas pecaire n’i a un o una dins lo ventre de Matilda qu’a pas res demandat...
La maire de Jaume es venguda tanben per visitar e tot lo mond es convidat divendres per l’aperitiu. Aprèp Matilda vòl demorar dins l’ostal.
- E Jaume ? O sabi, es pas mon afaire.
- Jaume va viure ambe ieu coma aquò seràs tranquilla. Me menarà a l'espital.
Encara un còp me senti mesa sus lo costat mas serai liure de viure coma vòli amb Rémy. E lo divendres sèm totes jos lo trelhat de l'ostal de Matilda e Jaume servís lo pastís e lo vin blanc. La maire e lo paire de Jaume, los Martino semblan contents e per finir ieu tanben.
Ara m’en vau netejar mon ostal per mon Rémy. M’en tòrni soleta a l’ostal e sabi pas pus onte ne siái. De tot biais per li donar l’ostal caldrà l’adoptar i aura pas d’autra possibilitat. Mas coma benlèu se va maridar ambe lo Jaume se sonarà pas jamai Matilda Belcaire. Mas i a encara las vinhas de Vincent, e l’ostal e las tèrras de Renat.
Tot aquò a veire amb Rémy, siái cansada.
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