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Les « poètes-ouvriers »

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Dublin Core

Titre

Les « poètes-ouvriers »
Los « poètas-obrièrs »

Alternative Title

Les « poètes-ouvriers », « voix d'en bas » de la littérature occitane du XIXe siècle [article encyclopédique]
Los « poètas-obrièrs », « voses d'enbàs » de la literatura occitana del sègle XIX [article enciclopedic]

Sujet

Poésie occitane -- 19e siècle
Abric, Louis (1886-1953)
Astier, Jean-Baptiste (1866-1923)
Bellot, Pierre (1783-1855)
Bénazet, Olympe (1802-1879)
Benoit, Robert (1862-1942)
Blanc, François
Boillat, Justin (1854-1914)
Boissier, Auguste (1802-1867)
Bonnet, Pierre (1784-1858)
Borghero, Louis (1857-1930)
Carvin, Francés (1777-1842)
Cassan, Denis-Casimir (1810-1883)
Castela, Jean (1828-1907)
Cazaux, Jacques (1816-1894?)
Chauvier, Philippe (1833-1903)
Delbès, Antoine (1806-1887)
Desanat, Joseph (1796-1873)
Poésie -- 19e siècle -- Aspect social
Allavène, Adolphe (1838-1911)
Arnaud, Joseph (1754-1829)
Cazes, Antoine (18??-1913?)
Cluzel, Pierre (1840-19??)
Courbin, Jean (1838-1904 ; dit Justin)
Favier, François (1849-1920)
Fédières, Adrien (1855-1924)
Galseran, Sébastien Félix
Gelu, Victor (1806-1885)
Grenier, Arnaud
Grivel, Roch (1816-1888)
Gruvel, Josselin (1834-1898)
Guisol, François A. (1803-1874)
Honnoré, Louis (1854-1912)
Julié, Louis (1877-1947)
Lacombe, Joseph (1821-1900)
Lacroix, Mathieu (1819-1864)
Laugier, Fidèle (1803-1864)
Lavergne, Jean (1814-1898)
Jasmin, Jacques (1798-1864)
Maillet, Alphonse (1810-1...)
Mazabraud, Joseph (1816-1898)
Mengaud, Lucien (1805-1877)
Palay, Yan (1848-1903)
Payan, Toussaint (1813-1893)
Pélabon, Louis (1814-1906)
Petit, Jean (1810-1880)
Peyrottes, Jean-Antoine (1813-1858)
Poncy, Charles (1821-1891)
Libérat, Jacques (1787-1865)
Reboul, Jean (1796-1864)
Revel, Pierre-Marie (1802-1890)
Riéu, Charles (1846-1924)
Rigal, Jean (1828-1909)
Roch, Hippolyte (1801-1872)
Verdié, Antoine (1779-1820)
Vestrepain, Louis (1809-1865)
Vidal, Jean-Paul (1807-1882)
Younet, Jean (1812-1889)

Description

Introduction

« Poètes-ouvriers » est une appellation donnée à une génération d’auteurs et de poètes actifs durant le XIXe siècle. Employée dans les textes d’analyses littéraires occitanes depuis le début du XXe, elle revêt cependant des significations parfois différentes selon son contexte d’utilisation et ne fait, encore aujourd’hui, pas consensus.
D’abord parce que le concept « d’ouvrier » est en pleine évolution au XIXe siècle. La signification du mot telle qu’employée depuis le XVIIIe de « celui ou celle qui travaille à la main » se transforme en celle de travailleur de la grande industrie qui, au cours du XIXe siècle, est en plein développement.
Ensuite parce que le terme « ouvrier » peut avoir indistinctement trait à des patrons aisés du secteur manufacturier, à des propriétaires terriens ou des ouvriers de la plus simple condition.
Enfin, parce que la question du thème traité par le « poète-ouvrier » dans ses écrits se pose à plusieurs titres : un auteur travaillant dans le secteur de l’industrie peut-il être considéré comme « poète-ouvrier » s’il écrit un texte purement comique et sans aucune forme de réflexion sur son contexte social ? Et à l’inverse, un prêtre publiant un texte à propos de sa condition sociale et de celle de ses fidèles peut-il être considéré comme un « poète-ouvrier » ? De même, pour un haut-fonctionnaire rédigeant un texte à propos de la misère sociale dont il peut être témoin.

 

Ces différentes problématiques inhérentes au concept même de « poète-ouvrier », ainsi que l’émergence au début du XXe siècle de la littérature prolétarienne, autre genre littéraire proche mais distinct, ont mené les chercheurs contemporains à faire évoluer la notion vers celle de « voix d’en bas » embrassant ainsi un corpus littéraire plus large mais plus clair et dont l’illustration la plus récente est la publication en 2009 de l’ouvrage collectif Mémoires de pauvres, qui interroge individuellement la situation sociale de neuf auteurs occitans pouvant être rattachés à l'appellation « poète-ouvrier ».

Histoire de la notion

Alphonse de Lamartine par François Gérard  

Le premier spécialiste ayant employé la notion de poète-ouvrier pour la littérature occitane est le félibre, écrivain et professeur de langue et de littérature provençale, Émile Ripert, dans sa thèse La Renaissance provençale : 1800-1860. Il y consacre la seconde partie de son second chapitre « Les poètes-ouvriers en Provence ». S’il n’y définit pas la notion de « poètes-ouvriers », ne faisant qu’une présentation des auteurs qu’il intègre au mouvement, il effectue, dans le chapitre précédent, une analogie entre « poésie-ouvrière » et « poésie-populaire » et sous-entend que ces notions sont plus générationnelles qu’esthétiques ou littéraires. Les « poètes-ouvriers » y sont ainsi présentés comme les héritiers des « protecteurs de la poésie populaire » : comme les influents George Sand et Alphonse de Lamartine, tous deux poètes, actifs contributeurs de la vie intellectuelle et littéraire française du XIXe siècle et promoteurs de la mouvance d’émancipation populaire par la littérature. L'appellation est donc employée pour une génération de poètes actifs durant la période romantique et n’a pas été pensée pour être interprétée au pied de la lettre quant à l’activité professionnelle des auteurs auxquels elle fait référence. Elle reflète davantage le paternalisme de la bourgeoisie littéraire française vis-à-vis d’une génération d’auteurs nouvelle ainsi que sa vision presque idéalisée de sa situation professionnelle. 
L'appellation « poète-ouvrier » disparaît avec la période romantique en ayant eu une influence bien plus importante pour la littérature française que la littérature occitane. Elle s’est ainsi surtout employée durant une période comprise entre la Monarchie de Juillet et le début du Second Empire soit entre 1830 et 1852.
Par la suite, plusieurs spécialistes de la littérature vont tenter de définir cette notion ou plutôt de redéfinir le concept même de « poète-ouvrier », trop sujet à interprétation. La proposition retenue aujourd’hui par les spécialistes du domaine occitan est celle proposée par Edmond Thomas dans son livre Voix d’en bas : la poésie ouvrière du XIXe siècle, édité chez François Maspero en 1979, dans la troisième note de la page 22 :

Il n'y a pas d'ouvrier dans le sens où on l'entendra à partir des années 1840. Le sens actuel de "travailleur de la grande industrie" ne pouvait naître qu'avec celle-ci. Le mot est donc encore pris dans le sens où l'employaient Rousseau et les hommes du XVIIIe siècle : "celui ou celle qui travaille à la main à quelque ouvrage que ce soit. Tout artisan qui travaille de quelque métier que ce soit" (Trévoux 1771). Je l'utilise dans ses acceptions successives, mais il est évident que la première poésie ouvrière, également antérieure aux grandes concentrations urbaines, ne pouvait être écrite que par des artisans. D'autre part, l'ambiguïté de certaines désignations de métiers peut faire courir le risque d'assimiler des patrons aisés ou propriétaires terriens bien pourvus à des ouvriers : imprimeur, cultivateur, vigneron, horloger-bijoutier, graveur par exemple.

La spécificité occitane

Le poète agenais Jasmin (1798-1864)

Au delà des difficultés intrinsèques de définition de la notion de « poète-ouvrier », l’histoire littéraire occitane connaît des difficultés spécifiques pour adapter ce concept à ses propres auteurs. 
La principale difficulté est directement liée à la situation économique de l’Occitanie (au sens de territoire géographique s'étendant de Bordeaux à Nice en remontant jusqu’à Clermont-Ferrand) qui connaît au XIXe siècle un développement industriel bien moins important que dans le Nord de la France limitant de par ce fait l’existence même de poètes-ouvriers potentiels. Cette difficulté est également accentuée par l’éloignement géographique des cercles littéraires parisiens qui impulsent les modes, protègent et parrainent des auteurs en devenir mais bien souvent résidant plus près de la capitale. Seuls quelques rares auteurs comme Jasmin parviendront à faire tomber la barrière linguistique qui séparent alors les poètes occitans de la reconaissance nationale.

Conclusion

Le XIXe siècle marque un tournant pour la littérature occitane. Celle-ci connaît un regain de vitalité extrêmement important d’abord impulsé par les romanistes, précurseurs d’un grand mouvement d’étude de la poésie des troubadours. Les poètes-ouvriers, épiphénomènes d’un élan plus vaste de renouveau littéraire leur emboîtent le pas bientôt suivis par le Félibrige, dont le chef de file, Frédéric Mistral, sera couronné par le Prix Nobel de littérature en 1904.
Les poètes ouvriers s’inscrivent ainsi dans le second temps de l’histoire littéraire occitane du XIXe siècle. S’ils sont pour certains parvenus à rencontrer un succès populaire parfois localement important leurs situations professionnelles très diverses couplée à une appellation vague pouvant être sujette à interprétation a mené le concept à évoluer aujourd’hui vers une acception plus large du sujet aussi bien sur le concept de poète que sur celui d'ouvrier.

Proposition de liste de « poètes-ouvriers »

La liste ci-dessous est proposée à titre provisoire et reste ouverte à toutes suggestions et redéfinitions du corpus auquel elle fait référence. 


Identité de l'auteur Origine géographique Profession(s) Liens vers les œuvres numérisées dans Occitanica
       
Abric, Louis Lunel, (Hérault) Boulanger  
Allavène, Adolphe Aix-en-Provence, ; Marseille, (Bouches-du-Rhône) Doreur-Miroitier  
Arnaud, Joseph Vaucluse Cordonnier 1 ; 2
Astier, Jean-Baptiste Marseille, (Bouches-du-Rhône) Cristallier  
Aubry, François Avignon, (Vaucluse) ; Nîmes, (Gard) Serrurier  
Bellot, Pierre Marseille, (Bouches-du-Rhône) Marchand et fabricant de drap 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8
Bénazet, Olympe-Louis Toulouse, (Haute-Garonne) Nombreux métiers dont chanteur des rues 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8
Benoît, Robert Périgueux, (Dordogne) Coiffeur 1
Blanc, François Marseille, (Bouches-du-Rhône) Cordonnier  
Boillat, Justin Nîmes, (Gard) Commis chez un marchand de vin puis greffe au tribunal de commerce 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8 ; 9 ; 10 ; 11
Boissier, Auguste Die, (Drôme) Artisan-tanneur  
Bonnet, Pierre Beaucaire, (Gard) Cafetier 1 ; 2
Borghero, Louis Marseille (Bouches-du-Rhône) Tonnelier  
Brousse, Guillaume Fonbarrade (Lot-et-Garonne) Laboureur  
Caillat, Jean-Baptiste Bouches-du-Rhône Serrurier  
Carvin, Jean-Baptiste Marseille (Bouches-du-Rhône) Musicien  
Cassan, Denis Avignon, (Vaucluse) Prote  
Castela, Jean Tarn-et-Garonne Meunier  
Cazaux, Jacques Montréjeau, (Haute-Garonne) Tailleur  
Cazes, Antoine Millau, (Aveyron) Fumiste  
Chauvier, Philippe Bargemon, (Var) Forgeron, ouvrier cloutier 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7
Cluzel, Pierre Sauzet, (Drôme) Tailleur  
Coumbettos, dit Couquel Castelnaudary, (Aude) Tourneur 1 ; 2 ; 3
Courbin, Jean Portets, (Gironde) Forgeron, serrurier  
Daniel, Claude Nîmes, (Gard) Ouvrier typographe  
Delbès, Antoine Agen, (Lot-et-Garonne) Tailleur 1 ; 2 ; 3
Desanat, Joseph Tarascon (Bouches-du-Rhône) Divers métiers dont : taillandier, forgeron puis charcutier 1 ; 2 ; 3 ; 4
Favier, François Avignon, (Vaucluse) Marbrier 1 ; 2 ; 3 ; 4
Fédières, Adrien Montpellier, (Hérault) Maître-maçon  
Galséran, Félix Marseille, (Bouches-du-Rhône) Tonnelier  
Gélu, Victor Marseille, (Bouches-du-Rhône) Nombreux métiers dont  cheminot  
Granier, André-Louis Marseille, (Bouches-du-Rhône) Forgeron  
Grenier, Arnaud Lot   1
Grivel, Roch Crest, (Drôme) Tisserand  
Gruvel, Roch Haute-Garonne Ouvrier corroyeur 1, 2
Guisol, François Brignoles, (Var) Tanneur 1 , 2 , 3
Honnoré, Louis Marseille, (Bouches-du-Rhône) Ouvrier typographe  
Jasmin Agen, (Lot-en-Garonne) Coiffeur  
Julié, Louis Millau, (Aveyron) Ouvirer gantier 1 ; 2
Lacombe, Joseph Caussade, (Tarn-et-Garonne) Menuisier  
Lacroix, Mathieu Gard Maçon 1, 2
Laugier, Fidèle Marseille, (Bouches-du-Rhône) ; Var Cordonnier  
Maillet, Alphonse Vaucluse Tailleur  
Mazabraud, Joseph Haute-Vienne Tailleur  
Mengaud, Lucien Toulouse, (Haute-Garonne) Peintre, bijoutier 1, 2
Palay, Jean Pyrénées-Atlantiques Tailleur 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6
Payan, Toussaint Marseille, (Bouches-du-Rhône) Ouvirer tonnelier  
Pélabon, Louis Toulon, (Var) Voilier 1 ; 2 ; 3
Petit, Jean Creuse Maçon et tailleur de pierre  
Peyrottes, Jean-Antoine Clermont-l'Hérault, (Hérault) Potier 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8 ; 9
Poncy, Charles Toulon, (Var) Maçon 1, 2
Mestre Prunac ; Liberat, Jacques Sète, (Hérault) Boulanger 1
Reboul, Jean Nîmes, (Gard) Boulanger  
Revel, Pierre Marie Aude Prêtre  
Richier, Amable   Maréchal-ferrant 1 ; 2 ; 3
Rieu, Charles Bouches-du-Rhône Maçon 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7
Rigal, Jean Agen, (Lot-en-Garonne) Tailleur 1
Roch, Hippolyte Montpellier, (Hérault) Ferblantier  
Tavan, Alphonse Bouches-du-Rhône Cultivateur puis employé des chemins de fer 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8 ; 9 ; 10 ; 11
Verdié, Jean-Antoine Bordeaux, (Gironde) Boulanger, grenadier, vannier, marchand de journaux 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5
Vestrepain, Louis Toulouse, (Haute-Garonne) Cordonnier-bottier 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8 ; 9 ; 10 ; 11
Veyre, Jean-Baptiste Cantal Sabotier 1 ; 2 ; 3
Vidal, Jean-Paul Issel, (Aude) Potier 1
Younet, Jean Montauban, (Tarn-et-Garonne)    

Introduccion

« Poètas-obrièrs » es una apelacion donada a una generacion d’autors e de poètas actius pendent lo sègle XIX. Emplegada dins los tèxtes d’analisis literàrias occitanas dempuèi la debuta del sègle XX, pren pasmens de significacions de còps diferentas segon son contèxte d'utilizacion e fai pas, encara uèi, pas consensus.
D’abòrd perque lo concèpt « d’obrièr » es en plena evolucion au sègle XIX. La significacion del mot tala coma es emplegada dempuèi lo sègle XVIII d' « aquel o aquela que trabalha a la man » se transforma en la del trabalhaire de la granda industria que, pendent lo sègle XIX, es en plen desvolopament.
Puèi perque lo tèrme « obrièr » pòt aver indistintament trach a de patrons aisats del sector manufacturièr, a de proprietaris terrians o d'obrièrs de la condicion mai simpla.
Enfin, perque la question del tèma tractat per lo « poèta-obrièr » dins sos escriches se pausa a mai d'un títol : un autor que trabalha dins lo sector de l’industria pòt èsser considerat coma « poèta-obrièr » se escriu un tèxte purament comica e sens cap de reflexion sus son contèxte social ? E a l’invèrsa, un prèire que publica un tèxte a prepaus de sa condicion sociala e de la de sos fisèls pòt èsser considerat coma un « poèta-obrièr » ? Emai, per un naut-foncionari que redigís un tèxte a prepaus de la misèria sociala que ne pòt èsser lo testimòni.

Aquelas diferentas problematicas inerentas al quite concèpt de « poèta-obrièr », e l'emergéncia a la debuta del sègle XX de la literatura proletariana, autre genre literari pròche mas distint, an menat los cercaires contemporanèus a faire evoluir la nocion cap a la de « votz d'enbàs » qu'embrassa aital un còrpus literari mai larg mai clar e que son illustracion la mai recenta es la publicacion en 2009 de l’obratge collectiu Mémoires de pauvres, qu'interròga individualament la situacion sociala de nòu autors occitans que pòdon èsser restacats a l'apellacion « poèta-obrièr ».

Istòria de la nocion

Alphonse de Lamartine par François Gérard  

Lo primièr especialista qu'a emplegat la nocion de poèta-obrièr per la literatura occitana es lo felibre, escriveire e professor de lenga e de literatura provençala, Émile Ripert, dins sa tèsi La Renaissance provençale : 1800-1860. I consacra la segonda partida de son segond capitol « Les poètes-ouvriers en Provence ». Se i definís pas la nocion de « poètas-obrièrs », que fa sonque una presentacion d'autors que intègra al movement, efectua, dins lo capitol precedent, una analogia entre « poesia-obrièra » e « poesia-populara » e jos-entend qu'aquelas nocions son mai generacionalas qu’esteticas o literàrias. Los « poètas-obrièrs » i son presentats coma los eretièrs dels « protectors de la poesia populara » : coma los influents George Sand e Alphonse de Lamartine, totes dos poètas, actius contribuidors de la vida intellectuala e literària francesa del sègle XIX e promotors de la movença d'emancipacion populara per la literatura. L'apellacion es donc emplegada per una generacion de poètas actius pendent lo periòd romantic e es pas estada pensada per èsser interpretada estrictament per l’activitat professionala dels autors a las qualas fa referéncia. Revèrta puslèu lo paternalisme de la borgesiá literària francesa cap a una generacion d’autors novèla e sa vision gaireben idealizada de sa situacion professionala.
L'apellacion « poèta-obrièr » desapareis amb lo periòde romantic e ten una influéncia plan mai importanta per la literatura francesa que la literatura occitana. S'es mai que mai emplegada per un periòd comprés entre la Monarquia de Juilhet e la debuta del Segond Empèri siá entre 1830 e 1852. Per la seguida, mantun especialistas de la literatura van ensajar de definir aquela nocion o puslèu de tornar definir lo quite concèpte de « poèta-obrièr », tròp subjècte a interpretacion. La proposicion retenguda uèi per los especialistas del domeni occitan es la propausada per Edmond Thomas dins son libre Voix d’en bas : la poésie ouvrière du XIXe siècle, editat en cò de François Maspero en 1979, dins la tresena nòta de la pagina 22 :

Il n'y a pas d'ouvrier dans le sens où on l'entendra à partir des années 1840. Le sens actuel de "travailleur de la grande industrie" ne pouvait naître qu'avec celle-ci. Le mot est donc encore pris dans le sens où l'employaient Rousseau et les hommes du XVIIIe siècle : "celui ou celle qui travaille à la main à quelque ouvrage que ce soit. Tout artisan qui travaille de quelque métier que ce soit" (Trévoux 1771). Je l'utilise dans ses acceptions successives, mais il est évident que la première poésie ouvrière, également antérieure aux grandes concentrations urbaines, ne pouvait être écrite que par des artisans. D'autre part, l'ambiguïté de certaines désignations de métiers peut faire courir le risque d'assimiler des patrons aisés ou propriétaires terriens bien pourvus à des ouvriers : imprimeur, cultivateur, vigneron, horloger-bijoutier, graveur par exemple.1

L'especificitat occitana

Le poète agenais Jasmin (1798-1864)

Al delai de las dificultats intrinsècas de definicion de la nocion de « poèta-obrièr », l’istòria literària occitana coneis de dificultats especificas per adaptar aquel concèpte a sos autors.  La principala dificultat es dirèctament ligada a la situacion economica de l'Occitània (al sens de territòri geografic que tira de Bordèu a Niça e remonta fins a Clarmont-d'Auverha) que coneis al sègle XIX un desvolopament industrial plan mens important que dins lo Nòrd de França çò que limita doncas l'existéncia de poètas-obrièrs potencials. Aquela dificultat es tanben accentuada per l'alunhament geografic dels cercles literaris parisencs qu'impulsan las mòdas, protegisson e pairinan d'auteurs en devenir mas que demòran plan sovent mai prèp de la capitala. Sols quelques rares autors coma Jasmin capitaràn a faire tombar la barrièra linguistica que dessepara alara los poètas occitans de la reconeissença nacionala..

Conclusion

Lo sègle XIX marca un cap per la literatura occitana. Coneis un creis de vitalitat extrèmament important impulsat primièr per los romanistas, precursors d’un grand movement d’estudi de la poesia dels trobadors. Los poètas-obrièrs, epifenomèns d’un vam mai ample de renovèl literari se pausan dins lors piadas lèu seguits per lo Felibritge, que son baile, Frederic Mistral, serà coronat per lo Prèmi Nobel de literatura en 1904.
Los poètas obrièrs s’inscrivan doncas dins lo segond temps de l’istòria literària occitana del sègle XIX. Se son per d'unes pervenguts a rescontrar un succès popular de còps localament important lors situacions professionalas fòrça divèrsas associadas a una apellacion vaga que pòt èsser subjècte a interpretacion a menat lo concèpte a evoluir uèi vèrs una accepcion mai larga tant sus la partida de poèta que de la d'obrièr del concèpte.

Proposicion de lista de « poètas-obrièrs »

La lista cai-jos es propausada a titol provisori e demèora dubèrta a totas suggestions e redefinicions del còrpus que i fa referéncia.


Identitat de l'autor Origina geografica Profession(s) Ligams cap a las òbras numerizadas dins Occitanica
       
Abric, Louis Lunel, (Hérault) Boulanger  
Allavène, Adolphe Aix-en-Provence, ; Marseille, (Bouches-du-Rhône) Doreur-Miroitier  
Arnaud, Joseph Vaucluse Cordonnier 1 ; 2
Astier, Jean-Baptiste Marseille, (Bouches-du-Rhône) Cristallier  
Aubry, François Avignon, (Vaucluse) ; Nîmes, (Gard) Serrurier  
Bellot, Pierre Marseille, (Bouches-du-Rhône) Marchand et fabricant de drap 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8
Bénazet, Olympe-Louis Toulouse, (Haute-Garonne) Nombreux métiers dont chanteur des rues 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8
Benoît, Robert Périgueux, (Dordogne) Coiffeur 1
Blanc, François Marseille, (Bouches-du-Rhône) Cordonnier  
Boillat, Justin Nîmes, (Gard) Commis chez un marchand de vin puis greffe au tribunal de commerce 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8 ; 9 ; 10 ; 11
Boissier, Auguste Die, (Drôme) Artisan-tanneur  
Bonnet, Pierre Beaucaire, (Gard) Cafetier 1 ; 2
Borghero, Louis Marseille (Bouches-du-Rhône) Tonnelier  
Brousse, Guillaume Fonbarrade (Lot-et-Garonne) Laboureur  
Caillat, Jean-Baptiste Bouches-du-Rhône Serrurier  
Carvin, Jean-Baptiste Marseille (Bouches-du-Rhône) Musicien  
Cassan, Denis Avignon, (Vaucluse) Prote  
Castela, Jean Tarn-et-Garonne Meunier  
Cazaux, Jacques Montréjeau, (Haute-Garonne) Tailleur  
Cazes, Antoine Millau, (Aveyron) Fumiste  
Chauvier, Philippe Bargemon, (Var) Forgeron, ouvrier cloutier 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7
Cluzel, Pierre Sauzet, (Drôme) Tailleur  
Coumbettos, dit Couquel Castelnaudary, (Aude) Tourneur 1 ; 2 ; 3
Courbin, Jean Portets, (Gironde) Forgeron, serrurier  
Daniel, Claude Nîmes, (Gard) Ouvrier typographe  
Delbès, Antoine Agen, (Lot-et-Garonne) Tailleur 1 ; 2 ; 3
Desanat, Joseph Tarascon (Bouches-du-Rhône) Divers métiers dont : taillandier, forgeron puis charcutier 1 ; 2 ; 3 ; 4
Favier, François Avignon, (Vaucluse) Marbrier 1 ; 2 ; 3 ; 4
Fédières, Adrien Montpellier, (Hérault) Maître-maçon  
Galséran, Félix Marseille, (Bouches-du-Rhône) Tonnelier  
Gélu, Victor Marseille, (Bouches-du-Rhône) Nombreux métiers dont  cheminot  
Granier, André-Louis Marseille, (Bouches-du-Rhône) Forgeron  
Grenier, Arnaud Lot   1
Grivel, Roch Crest, (Drôme) Tisserand  
Gruvel, Roch Haute-Garonne Ouvrier corroyeur 1, 2
Guisol, François Brignoles, (Var) Tanneur 1 , 2 , 3
Honnoré, Louis Marseille, (Bouches-du-Rhône) Ouvrier typographe  
Jasmin Agen, (Lot-en-Garonne) Coiffeur  
Julié, Louis Millau, (Aveyron) Ouvirer gantier 1 ; 2
Lacombe, Joseph Caussade, (Tarn-et-Garonne) Menuisier  
Lacroix, Mathieu Gard Maçon 1, 2
Laugier, Fidèle Marseille, (Bouches-du-Rhône) ; Var Cordonnier  
Maillet, Alphonse Vaucluse Tailleur  
Mazabraud, Joseph Haute-Vienne Tailleur  
Mengaud, Lucien Toulouse, (Haute-Garonne) Peintre, bijoutier 1, 2
Palay, Jean Pyrénées-Atlantiques Tailleur 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6
Payan, Toussaint Marseille, (Bouches-du-Rhône) Ouvirer tonnelier  
Pélabon, Louis Toulon, (Var) Voilier 1 ; 2 ; 3
Petit, Jean Creuse Maçon et tailleur de pierre  
Peyrottes, Jean-Antoine Clermont-l'Hérault, (Hérault) Potier 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8 ; 9
Poncy, Charles Toulon, (Var) Maçon 1, 2
Mestre Prunac ; Liberat, Jacques Sète, (Hérault) Boulanger 1
Reboul, Jean Nîmes, (Gard) Boulanger  
Revel, Pierre Marie Aude Prêtre  
Richier, Amable   Maréchal-ferrant 1 ; 2 ; 3
Rieu, Charles Bouches-du-Rhône Maçon 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7
Rigal, Jean Agen, (Lot-en-Garonne) Tailleur 1
Roch, Hippolyte Montpellier, (Hérault) Ferblantier  
Tavan, Alphonse Bouches-du-Rhône Cultivateur puis employé des chemins de fer 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8 ; 9 ; 10 ; 11
Verdié, Jean-Antoine Bordeaux, (Gironde) Boulanger, grenadier, vannier, marchand de journaux 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5
Vestrepain, Louis Toulouse, (Haute-Garonne) Cordonnier-bottier 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8 ; 9 ; 10 ; 11
Veyre, Jean-Baptiste Cantal Sabotier 1 ; 2 ; 3
Vidal, Jean-Paul Issel, (Aude) Potier 1
Younet, Jean Montauban, (Tarn-et-Garonne)    

1. I a pas d'obrièr dins lo sens ont se comprendrà a partir de las annadas 1840. Lo sens actual de "trabalhaire de la granda industria" podiá pas nàisser qu'amb ela. Lo mot es donc encora pres dins lo sens ont l'emplegavan Rousseau e los òmes del sègle XVIII : "aquel o aquela que trabalha a la man a quin obratge que siá. Tot artesan que trabalha de quin mestièr que siá" (Trévoux 1771). O emplegui dins sas accepcions successivas, mas es evident que la primièra poesia obrièra, tanben anteriora a la grandas concentracions urbanas, podiá pas èsser escrita que per d'artesans. D'autra part, l'ambigüitat de certanas designacions de mestièrs pòdon faire córrer la risca d'assimilar de patrons aisats o proprietaris terrians plan provesits en plaça d'obrièrs : estampaire, cultivator, vinhairon, relotgièr-joielièr, gravaire par exemple.

Créateur

Bertrand, Aurélien
Eyraud, Noémie

Source

Éditeur

CIRDÒC-Mediatèca occitana

Date Created

2018-03-14 (AB)

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©CIRDÒC-Mediatèca occitana

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Référence bibliographique

- Mémoires de pauvres : autobiographies occitanes en vers au XIXe siècle. Garae/Hésiode, 2009

- Ripert, Émile. La Renaissance provençale : 1800-1860. E. Champion : A. Dragon, [1917]

- Thomas, Edmond. Voix d'en bas : la poésie ouvrière du XIXe siècle. 1979

Temporal Coverage

18..

Corpus Item Type Metadata

Région Administrative

Aquitaine
Midi-Pyrénées
Languedoc-Roussillon
Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA)
Rhône-Alpes
Poitou-Charentes
Auvergne
Limousin
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