Quantcast
Channel: Occitanica, Portal collectiu de la lenga e de la cultura occitanas
Viewing all articles
Browse latest Browse all 5994

Lo viatge de Joana : Saison 2 - Épisode 2 / Compagnie Gargamèla-Théâtre

$
0
0

Dublin Core

Titre

Lo viatge de Joana : Saison 2 - Épisode 2 / Compagnie Gargamèla-Théâtre
Lo viatge de Joana : Sason 2 - Episòdi 2 / Compagnie Gargamèla-Théâtre

Alternative Title

Lo viatge de Joana - Saison 2 / Épisode 2 [feuilleton radiophonique]
Lo viatge de Joana - Sason 2 / Episòdi 2 [fulheton radiofonic]

Sujet

Feuilletons radiophoniques

Description

Texte de l'épisode : 

Évidemment tout a changé pour moi. Je me suis habituée à ma vie de femme avec un homme et le sourire de l'amour sur ma tête. Je n'avais jamais imaginé qu'une chose pareille arriverait un jour dans ma vie de vieille fille : faire la cuisine, aller faire toute seule les courses dans un supermarché américain, commencer à comprendre et à parler un peu cette langue. Rémy me laissait sa voiture et je conduisais une voiture sans changement de vitesse.

Il m'a emmené visiter les musées de Baltimore : le BAM (Baltimore Art Museum) et le Walters Museum. Il y avait tellement de peintures françaises que je me sentais à la maison. Heureusement que Rémy était avec moi car peuchère la peinture n'a jamais été une chose importante pour moi. Une fois à Paris j'étais allée au Louvre mais ça faisait si longtemps.
Donc j'ai découvert au BMA Matisse, Van Gogh, Picasso, et ce qui m’a beaucoup émue Andy Warhol. Et au musée Walters j’ai aimé les paysages de Monet, Manet, Sysley, l'art du Japon, de l'Egypte, de la Grèce...

Tout ça me semblait un autre monde : pas évident d'imaginer des gens faisant des peintures et des sculptures toute la sainte journée. Quand on n'a pas appris à découvrir l'art enfant ce n'est pas simple de le découvrir et de le comprendre à la fin de sa vie.

Je ne sais pas ce qu’aurait dit l'oncle Vincent de me voir visiter les musées avec son argent !
Ce qui me plaisait le plus c'était d'aller me promener sur la Baie du Chesapeake où sont arrivés les Pilgrim Fathers d'Angleterre au début du 17ème siècle. Et aussi les soldats de la guerre de sécession près du Patamac. Rémy était heureux de me voir étonnée par tant de merveilles comme un enfant devant un nouveau jouet.

- Un jour nous irons à Washington. En face du Congrès il y a de très beaux musées de toutes sortes. Et tu découvriras un peu plus la peinture française et celle de toute l'Europe. Et les sculptures de Malhol qui vient de ton pays, Banyuls sur mer. Et nous irons passer une semaine à New York où il y a aussi des musées et surtout celui du Moyen Age, le Musée des Cloîtres. Et tu ne seras pas contente de voir qu'ils ont volé le cloître de Saint Guilhem le Désert et tant d'autres. Surtout celui de Saint Michel de Cuxa dans les Pyrénées Orientales. Tout en marbre rose. Mais ils ne l'ont pas volé, ils l'ont acheté donc il y a des gens du pays qui l'ont vendu !

Je faisais la touriste, l'amoureuse et la femme au foyer. Un jour je me suis réveillée. Il fallait que je retourne au village :

- Allo ! Jeanne Belcaire ? Monsieur Bardot, le notaire !

- Bonjour Maître ! Quel plaisir de vous entendre !

- Jeanne, rien qu'un petit problème...

- C'est grave ?

- Non : hier il y a eu un gros orage et le toit de votre maison est tombé au milieu de votre jardin. Ne vous faîtes pas de souci, j'ai demandé au maçon de venir et demain tout ira bien.

- Merci beaucoup. Et à bientôt. Demain je rentre au village.

- Bon voyage !

Rémy n'était pas content mais moi ça me faisait plaisir. Surtout que maintenant je savais que l'homme que j'aimais me suivrait.

- Ce n’est pas toi qui va réparer ton toit.

- Je veux voir ce qui est arrivé et suivre le travail, c'est ma maison !

- Dans un mois j'ai fini à l'université pour de bon, la retraite est arrivée…Si tu attendais on pourrait partir ensemble.

Pour la première fois nous n'étions pas d'accord. Rémy était tout blanc, sa voix tremblait et ses mains aussi. Les larmes n'étaient pas loin. Et moi je voulais partir, rentrer au village. J'étais sèche : la vieille fille était revenue.
Quand il a commencé à pleurer je me suis arrêtée. J'avais gagné ! C'est sûr que dans un mois il viendrait me rejoindre.

- Rien qu'un mois et puis tu viendras.

- Mais ce n'est pas possible pour moi de tout laisser ici, il faudra du temps. Je ne veux pas garder cette maison après la retraite. Je n'ai pas d'enfant et je ne sais pas ce que je vais faire des meubles et de tout le reste.

- Ne t'en fais pas je reviendrai avec toi à la fin de l'été...

- Peut-être. Mais moi je ne veux pas te quitter. Je veux vivre avec toi. Tu dois savoir que je t'aime. Je le savais déjà quand on était jeunes mais j'ai eu peur : tu étais tellement pleine de ton pays. Ce n'était pas possible d'imaginer Jeanne vivant dans un autre pays, si loin de son Occitanie.

Il m'a prise dans ses bras et puis il est allé acheter un « crab cake » avec un coup de vin rouge pour me faire plaisir. J'étais devenue une enfant gâtée.
Ensuite on a pris les billets et allez! : je partirai demain et lui dans un mois.

Quand nous nous sommes quittés à l'aéroport il m'a donné une petite boîte. Dedans une bague avec une pierre bleue : un saphir... J'étais fiancée et lui pleurait de bonheur et de tristesse de me laisser.

Une fois assise dans l'avion je commençais à réaliser tout ce qui avait changé dans ma vie depuis une année. Le souvenir de Mathilde était loin mais je pensais souvent à elle, au plaisir que nous avions eu à vivre ensemble, à faire le voyage pour l'Amérique toutes les deux. Ça m'aurait fait tellement plaisir si elle était venue avec moi dans les musées. Une étoile filante dans ma vie ! Mais j'étais sûre de l'avoir aidée à faire son chemin de femme. Mais quel était l'homme qu'elle avait choisi : un homme bien ou une racaille !

Paris, Montpellier, mon amie Claire m'attendait à l'aéroport.

- Alors Madame l'américaine, qu'est-ce que ça fait de revenir au village? Est-ce que tu parles la langue après une année dans le pays ?

- Je commence à me débrouiller et je peux sortir seule.

- Et l'amour est enfin arrivé dans ta vie ? Ce Rémy était tellement beau quand il avait 20 ans. Evidemment c'est un peu tard d'être amoureuse dans l'automne de sa vie ! Le plus important c'est que ça existe et que tu sois heureuse. Pour cela il n'y a pas d'âge.

Quel plaisir de la revoir, nous sommes amies depuis l'école primaire. Elle est mariée, elle a deux enfants et elle a travaillé toute sa vie à la mairie, secrétaire. Maintenant elle est retraitée et avec Jacques son mari qui était instituteur, ils font des voyages organisés un peu partout dans le monde et chaque fois qu'ils reviennent ils font une soirée avec des films sur le dernier pays découvert.
J'aurais pu faire ça avec Baltimore. Une prochaine fois ! Mais quand Rémy sera ici nous ferons une soirée sur l'histoire du Maryland, ce sera très intéressant... et différent.

Maintenant je suis devant ma porte. Je rentre et sur la table un tas de courrier. Sur le dessus une lettre dont je reconnais l'écriture et mon cœur se met à battre…

Tèxte de l'episòdi : 

Evidentament tot a cambiat per ieu. Me siáu acostumada a ma vida de femna amb un òme e lo risolièr de l’amor sus ma tèsta. Aviái pas jamai pantaissat qu’una causa com’aquò arribariá un jorn dins ma vida de tanturla: faire la cosina, anar faire leis crompas soleta dins los supermarkets americans, començar a comprendre e a parlar un pauc aquela lenga. Remy me daissava sa veitura e menavi una veitura automatica sens bóstia de cambi.

M’a menat visitar los musèus de Baltimore lo BMA (Baltimore art museum) e lo Walters Museum. I aviá tant de pinturas francesas que me sentissiái a l’ostal. Urosament que Remy èra amb ieu que pecaire la pintura es pas jamai estada una causa importanta per ieu. Un còp a Paris èri anada al Louvre mas fasiá tant de temps. Donc ai descubert al BMA Matisse, Van gogh, Picasso e çò que m’a fòrça esmoguda Andy Warrhol. E al Musèu Walters ai aimat los paisatges del Monet, Manet, Sysley, l’art del Japon, de l’Egipte, de la Grècia...

Tot aquò me semblava un autre mond : pas simple d’imaginar de gens fasent de pinturas o d’esculturas tota la santa jornada. Quand on a pas apres a conóisser l’art enfant es pas simple de lo descubrir e de lo comprener a la fin de sa vida.

Sabi pas çò qu’auriá dich l’oncle Vincent de me veire vistalhar los musèus ambe son argent !
Çò que m’agradava mai èra d’anar me passejar sus la Baia del Cheasepeake ont son arribats los Pilgrims Fathers d’Anglatèrra a la debuta del sègle detz e sèt. E tanben los soldats de la guèrra de Secession prèp del Patamac. Rémy èra urós de me veire espantada per tant de meravilhas com’un enfant davant un novèl joguet.

- Un jorn anarem a Washington. En fàcia del Congrès i a de Musèus mai que bèls de tota mena. E descubriràs un pauc mai la pintura francésa e aquela de tota l’Euròpa. E las esculpturas de Malhòl que ven de ton pais Banyuls. E anarèm passar una fin de setmana a New York ont i a tanben de musèus e subretot aquel de l’Edat Mejana « Lo Cloister Museum ». Saràs pas contenta de veire qu’an raubat lo clastre de San Guilhem del desert e tant d’autres. Subretot aquel de San Michel de Cuxa dins las Pireneas orientalas. Tot de marme ròse. Mas l’an pas raubat l’an crompat donc i a de gens del pais que l’an vendut !

Fasiái la torista, l’amorosa e la femna a l’ostau. Un jorn me desrevelhèri. Me caliá tornar al vilatge :

- Allò! Joana Belcaire? Mossu Bardot lo notari !

- Bonjorn Mestre ! Quante plaser de vos ausir !

- Pas qu’un problèma…

- Es grèu?

- Non pas : i a agut ièr un gròs auratge e lo teulat de vòstre ostal es tombat al mitan de vòstre jardin. Vos faguètz pas de marit sang ai demandat al maçon de venir. E deman tot anirà plan !

- Mercè plan. A ben lèu; Deman tornarai al vilatge.

- Bon viatge!

Remy èra pas content mas ieu me fasiá plaser. Subretot que sabiái ara que l’òme qu’aimavi me seguiriá.

- Es pas tu que vas reparar ton teulat?

- Vòli veire çò qu’es arribat e seguir lo travalh, es mon ostal !

- Dins un mes ai acabat a l’universitat per de bon, la retirada es arribada. S’esperavas poiriam partir ensems.

Per lo primièr còp èrem pas d’accòrdi. Remy èra tot blanc, sa votz tremolava e sas mans tanben. Las lagremas èron pas luènh. E ieu voliái partir, dintrar al vilatge. Eri secassa : la tanturla èra tornada.
Quand comencèt de plorar m’arrestèri. Aviái ganhat ! Segur que dins un mes me vendriá rejónher.

- Pas qu’un mes e puèi vendràs.
- Mas es pas possible per ieu de tot laissar aicí, caldrà de temps. Vòli pas gardar aquest’ostal aprèp la retirada. Ai pas d’enfants e sabi pas de que vau faire dels mòbles e tot lo demai.

- T’en fagues pas tornarai ambe tu a la fin de l’estiu…

- Benlèu. Mas ieu te vòli pas quitar. Vòli viure ambe tu. Deves saupre que t’aimi. O sabiái dejà quand èrem joines mas ai agut paur : ères tant plena de ton pais. Era pas possible d’imaginar Joana vivent dins un autre pais tant luènh de son Occitània.

M’a pres dins sos braces e puèi es anat crompar un « crab cake » amb un còp de vin roje per me faire plaser. Eri devenguda una filhèta gastada.
Puèi avèm pres los bilhets e zòu : ieu partiriái deman e el dins un mes.

Quand nos quitèrem a l’aeropòrt me balhèt una pichòta caisseta. Dedins una baga amb una pèira blava: un safir... Eri promésa e el plorava de bonhur e de lagui de me daissar.

Un còp assetada dins l’avion comencèri de realizar tot çò qu’aviá cambiat dins ma vida dempuèi una annada. Lo sovenir de Matilda èra luènh mas pensavi sovent a ela, al plasèr qu’aviam agut de viure ensems, de faire lo viatge per l’America totas doas. M’auriái tant agradat se foguèsse venguda ambe ieu dins los musèus. Un estela limpaira dins ma vida ! Mas èri segura que l’aviái ajudada a faire son camin de femna. Mas qual èra l’òme qu’aviá causit : un gentleman o una racalha !

Paris, Montpelhièr, mon amiga Clara m’esperava a l’aeropòrt.

- Alara Madama l’americana de qué fa de tornar al vilatge ? Es que parlas la lenga aprèp una annada dins lo pais ?

- Comenci a me despatolhar e pòdi sortir soleta.

- E l’amor es enfin arribat dins ta vida? Aquel Rémy èra tant polit dins seis vingt ans ! Evidentament es un pauc tardièr d’èstre amorosa dins l’automne de sa vida ! Lo mai important es que ara existís e que siás urosa. Per aquò i a pas d’atge.

Quante plaser de la tornar veire, sèm amigas dempuèi l’escòla primaria. Es maridada, dos enfants e a trabalhat tota sa vida a la comuna, secretària. Ara es retirada e amb lo Jaume son marit qu’èra regent, fan de viatges organizats un pauc pertot dins lo mond et cade còp que tornan fan una serada ambe los filmes del darrièr pais descubert.
Auriái poscut faire aquò ambe Baltimore. Un autre còp! Mas quand Rémy sarà aicí farem una serada sus l’istòria del Maryland, aquò sarà fòrça interessant... e different.

Ara siáu davant ma pòrta. Dintre e sus la taula un molon de corrièr. Una letra endessus e recóneissi sul còp l’escritura e mon còr fa tifa tafa...

Abstract

Créateur

Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Vidal, Alain. Interprète
Huang, Edda. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète
François, Isabelle. Interprète

Éditeur

Compagnie Gargamèla-Théâtre
CIRDÒC-Mediatèca occitana

Date

2016

Date Issued

2017-06-22 Marion Ficat

Droits

© CIRDOC
© Compagnie Gargamèla-Théâtre

License

Sous licence creative commons :

http://creativecommons.fr/licences/

 

Attribution : CIRDÒC-Mediatèca Occitana 

Pas d’utilisation commerciale

Partage à l’identique

Relation

Vignette : http://www.occitanica.eu/omeka/files/original/2846566ecc663af1d6fdf816c8d7a1ff.JPG

Is Part Of

Lo viatge de Joana - Liste des épisodes

Format

audio/mpeg
son dématérialisé

Extent

00:11:08

Langue

oci

Type

Sound
document sonore

Identifiant

http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/16153

Spatial Coverage

États-Unis

Son documentari Item Type Metadata

Variante Idiomatique

Languedocien
IMG_1630.JPG

Viewing all articles
Browse latest Browse all 5994